"L’Avenir en commun", radioscopie d’un programme

georges-s Par Le 17/11/2016 0

Dans Nouvelles Nationales

Logo phi avenir en commun blContributions individuelles, auditions de personnalités, mouvements et partis, et Convention de Lille ont dessiné le programme de la France insoumise et J.-L. Mélenchon. Samy Joshua en donne ici une lecture. L’Avenir en commun sera développé par 40 livrets thématiques. À débattre.France Insoumise vient d’adopter une mouture presque définitive de son programme en vue des échéances électorales de 2017, L’Avenir en Commun (AC dans la suite du texte). Fermement antilibéral et social, profondément marqué par les préoccupations écologistes, comme par le souci de passer à une nouvelle République ou par celui de défendre l’ensemble des droits démocratiques. Sur de nombreux points AC est bien plus à gauche du positionnement de Corbyn en Grande Bretagne, certainement plus radical que celui de Bernie Sanders et même plutôt plus que celui de la direction de Podemos. Une bonne base pour la campagne engagée par Jean-Luc Mélenchon.

Mais anticapitaliste, il l’est assez modérément, et très peu autogestionnaire, ce qui n’est pas sans effets. Internationaliste certainement, mais avec certaines analyses et options qui sont pour le moins à discuter (la Syrie, la sous estimation de l’impérialisme français, etc.)

L’ancrage écologique

Un des points les plus remarquables de ce programme est l’ampleur de la prise en compte de la crise écologique. « Face à la crise climatique, la planification écologique ». Mais la portée est plus ambitieuse encore. « Le temps de l’écosystème, c’est le temps long. Le temps court de la finance et du productivisme saccage tout. La reconquête du temps long est la principale exigence. C’est le but de la planification écologique ». Tous les thèmes issus des réflexions et des mobilisations des dernières décennies sont balayés.

« Adopter un plan de transition énergétique avec un double axe sobriété/efficacité  » ; « Faire bifurquer le modèle de production, de consommation et d’échanges ». « Le nucléaire n’est pas une solution d’avenir » ; « Plan de rénovation écologique de tout le bâti ». « Développer les transports publics écologiques » ; « Relocaliser les productions » ; « Consommer autrement » ; « Sauver la biodiversité » ; « Souveraineté alimentaire et révolution agricole : pour une agriculture écologique et paysanne »

De plus la question n’est pas cantonnée à ce chapitre spécialement dédié, mais irrigue l’ensemble du document, avec la claire volonté de décrire la manière dont la préoccupation écologique impacte tous les autres choix politiques. Il ne s’agit pas là d’un « green washing » quelconque, mais bien d’un tournant marquant pour cette partie de la gauche radicale, dont on mesure l’évolution sur ce point depuis le programme du Front de Gauche en 2012, l’Humain d’abord. Et que le PCF pour sa part a du mal à suivre, lui qui s’est encore dernièrement majoritairement prononcé pour la construction de l’aéroport à Notre Dame des Landes.

Mais au regard de l’ambition même énoncée, une question de fond surgit. Peut-on envisager un tel bouleversement dans le cadre du capitalisme ? Il n’y a aucune référence dans le document à l’écosocialisme, concept devenu pourtant clé dans la gauche radicale mondiale, et dont le PG lui-même s’est fait le promoteur. Et même d’ailleurs aucune référence au socialisme tout court, mais on y reviendra. Certes le document se propose de « Créer un pôle public de l’énergie pour mener une politique cohérente en renationalisant EDF et Engie (ex-GDF) ». Mais si le mécanisme moteur décisif dans la société demeure le principe capitaliste, celui de la mise en valeur de la valeur, comment imaginer même la possibilité d’une "planification écologique" ? Le PG, comme parti, ne voyait pas comment. Mais pas AC, et (semble t-il) sans que ça ait soulevé débat dans le rang des Insoumis.

Combattre l’Europe libérale

L’expérience grecque et ses résultats désastreux sont passés par là. AC ne veut plus se payer de mots quant à la possibilité de mener une politique différente en restant dans le cadre des traités néo-libéraux imposés au fil des ans. Certes, c’est une question difficile : comment ne pas se laisser enchaîner par ces traités sans pour autant prendre la responsabilité préalable de détruire les liens européens "d’en bas", entre les peuples ? Comment défendre la souveraineté populaire sans glisser dans l’idée à la fois impraticable et terriblement dangereuse du retour aux frontières du passé ? La question est délicate, oui. Et une partie de la réponse viendra du mouvement lui-même. Mais AC y répond de manière très convaincante, en se servant des réflexions menées dans toute la gauche européenne autour de la problématique du "Plan B".

« Face à la crise européenne, sortir des traités européens ». « S’exonérer du pacte de stabilité et des règles européennes encadrant les déficits ; Cesser d’appliquer unilatéralement la directive sur le détachement de travailleurs en France : la législation nationale doit s’appliquer totalement… Refuser les traités de libre-échange : le traité transatlantique TAFTA entre l’UE et les États-Unis, CETA avec le Canada et le traité TISA de libéralisation des services »

Bien entendu, toutes ces mesures sont des mesures de ruptures, mais qui seront avancées dans le cadre d’un : « Plan A : Proposer une refondation démocratique, sociale et écologique des traités européens par la négociation ».

Puis la parole serait donnée au peuple : « En cas d’accord, le résultat des négociations sera soumis à référendum du peuple français qui décidera souverainement de sa participation à l’Union européenne refondée ou de la sortie. »

Le plan A :

« - Mettre fin à l’indépendance de la Banque centrale européenne, modifier ses missions et statuts…

- Organiser une conférence européenne sur les dettes souveraines débouchant sur des moratoires, une baisse de taux d’intérêts, des rééchelonnements et annulations partielles. Dans un autre chapitre il est dit : « Réaliser un audit citoyen de la dette publique pour déterminer la part illégitime ».

- Mettre fin au dumping à l’intérieur de l’UE par une politique… d’harmonisation… avec inscription d’une clause de non-régression des droits sociaux.

Ce plan peut-il réussir ? Cela dépend de l’état de l’UE à ce moment là, de la manière dont l’Allemagne réagira à la menace de la cassure définitive de l’Union (la France n’est pas la Grèce du point de vue de la puissance économique), et de comment réagiront les peuples eux-mêmes. Mais ne pas rester paralysés en cas de blocage, et donc :

« Appliquer un "plan B" en cas d’échec des négociations ». Dont :

- « Réquisitionner la Banque de France pour transformer l’euro en monnaie commune et non plus unique

- Mettre en place un contrôle des capitaux et des marchandises »

Ceci avec la volonté constante de « Défendre et développer les coopérations avec les autres peuples d’Europe ».

Sans qu’on puisse en faire reproche à AC, la maigreur du Plan B est frappante. L’ampleur envisagée avec justesse pour le Plan A induirait, s’il est refusé, des rétorsions massives, on le sait bien. Mais alors on ne peut envisager une nouvelle monnaie et un contrôle des capitaux sans socialiser l’ensemble du système financier. Et, étant donné leur imbrication, sans des incursions sérieuses dans toute la grande propriété privée. De l’anticapitalisme donc. Non par choix idéologique, mais par nécessité. Ce qui est envisagé par AC est une véritable révolution européenne, il faut s’en féliciter. Or, comme pour toute révolution, s’arrêter en cours de route, c’est mourir.

Nouvelle République et libertés démocratiques

Ce chapitre ouvre le document, c’est dire l’importance que France Insoumise y donne. La nouvelle République est annoncée sur les ruines de la Cinquième, dont le procès est fait, et très justement fait. Il en faut donc une nouvelle, qui dépendra d’une « Assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle Constitution ». Pour les spécialistes, un coup de chapeau est donné aux constituants de la Grande Révolution en ceci que « Aucun parlementaire des anciennes assemblées de la Ve République ne pourra siéger dans cette assemblée constituante ».

Puis AC s’engage sur le contenu possible, d’une « République permettant l’intervention populaire », avec l’ensemble des thèmes largement débattus sur la question : reconnaissance du vote blanc, droit de vote à 16 ans, proportionnelle, non cumul, libertés communales, droit de révocation, référendum d’initiative citoyenne. « Abolir la monarchie présidentielle » par un régime parlementaire, remplacer le Sénat par une « Assemblée de l’intervention populaire et du long terme ».

Bien entendu, « Reconnaître le droit de vote aux élections locales pour les résidents étrangers », défendre le droit du sol, faciliter les naturalisations, rétablir la carte de séjour de dix ans. Dans un autre chapitre, il est demandé de « Régulariser les travailleurs sans-papiers pour assurer l’égalité sociale entre travailleurs ». Plus généralement, il faudra : « Abolir les ségrégations, interdire le contrôle au faciès et assurer l’égalité réelle et combattre les discriminations fondées sur le genre, le handicap, l’apparence, la couleur de peau, l’âge, l'orientation sexuelle, la religion ou la croyance, l’origine sociale ou la fortune ».

L’ensemble des questions sociétales des dernières années est balayé, avec une défense de la Loi de 1905 contre son instrumentalisation par les intégristes et les racistes, ceux qui veulent « en faire un prétexte pour flétrir les musulmans », « La laïcité est la condition de la liberté de conscience et de l’égalité entre tous les citoyens ». Puis l’exigence de « Constitutionnaliser la non marchandisation du corps humain et le droit fondamental de disposer de soi en toutes circonstances : liberté de conscience, droit à la contraception et à l'interruption volontaire de grossesse, droit de mourir dans la dignité (y compris avec assistance), accès garanti à des soins palliatifs ». Une partie largement développée est consacrée à une grande ambition : « Abolir le patriarcat dans l'État et la société », avec une série détaillée de mesures pour l’égalité hommes/femmes et contre le sexisme. Il faudra peut-être un débat spécial non sur ces mesures (toutes bienvenues) mais sur la nature du patriarcat : comme pour le racisme, il faut des luttes spécifiques, sans attendre qui et quoi ce soit. Mais est-il possible d’atteindre l’égalité sur ces plans sans "abolir" aussi le capitalisme ? Une immense littérature est consacrée à cette question, mais sans faire consensus, c’est vrai.

L’ancrage social

Les chapitres 2 et 6 développent de manière détaillée ce que devra être la politique économique et sociale. Il serait trop long de décrire toutes ces mesures ici. Donnons plutôt les logiques générales qui semblent guider les choix.

- Revenir sur tous les aspects des choix néo-libéraux des dernières décennies. Avec le symbole que représenterait l’abrogation de la Loi El Khomri, mais pas seulement. Tous les domaines sont concernés : temps de travail et retraites, organisation du travail, niveau des salaires, financiarisation de l’économie. Plus l’ensemble des contre-réformes dans le domaine de la santé, de l’éducation du primaire à l’université, la culture, le sport, les media, etc. Les militant-e-s syndicaux et de la gauche radicale y reconnaîtront toutes les batailles perdues au fil des ans, et sur lesquelles AC ne renonce pas à revenir.

- Ne pas se contenter du retour à une période plus favorable, mais explorer des voies nouvelles : nouvelle fiscalité, aller vers les 32 heures, faciliter la constitution de coopératives, généraliser une sixième semaine de congés, un SMIC à 1 300 euros net, instaurer un revenu maximum, taxer les hautes transactions, éradiquer la pauvreté et garantir un droit effectif au logement. Et encore le remboursement à 100 % de tous les soins prescrits, la légalisation, l’encadrement de la consommation, la production et la vente de cannabis à des fins récréatives, le traitement des nouvelles questions liées au handicap, à la perte d’autonomie. Et encore des dizaines d’autres propositions issues en ligne directe des mobilisations sociales.

- Mettre au pas la finance et définanciariser l’économie réelle, mobiliser l’argent public en faveur des petites et moyennes entreprises, la création d’emplois et la transition écologique.

Des choix antilibéraux radicaux et égalitaires donc, résolument tournés vers la satisfaction des immenses besoins sociaux et sociétaux. Même la réalisation du dixième de ces mesures constituerait un véritable coup de mistral sur tant d’années de renoncements et de reculs. Mais la logique stratégique qui les sous-tend reste à discuter. Il s’agit en résumé de mobiliser les moyens de l’État dans une perspective keynésienne approfondie tout en limitant (toujours par des mesures législatives) le pouvoir du capital. Mais, encore une fois, sans toucher au mode de production lui-même. Ainsi, c’est très modérément que des possibilités de nationalisation sont envisagées. Tout au plus se propose t-on de « Créer une mission parlementaire spéciale pour faire le bilan de toutes les privatisations et faveurs fiscales décidées au cours des trois décennies passées » et de « Revenir sur les programmes de privatisation (aéroports, autoroutes, parts publiques, etc.) ». Une fois séparées banques d’affaires et de détail, les deux demeureraient privées. Avec l’espoir certainement vain qu’un pôle public bancaire suffira à limiter leur nuisance. Au-delà, comment imaginer mener une quelconque politique écologiste sérieuse en laissant le pouvoir que l’on sait à Total, Renault ou PSA ? Et défendre le droit à la santé tout en maintenant la propriété privée des trusts pharmaceutiques ?

C’est tout le problème avec le « protectionnisme solidaire » qui revient à plusieurs reprises dans le programme. Levons d’abord un faux débat. Il n’existe, c’est vrai, aucune possibilité d’une quelconque politique progressiste qui ne se "protège" pas du capital international. Qui ne se donne pas les moyens de contrôler le flux des capitaux et des marchandises. Surtout quand, comme c’est raisonnable de l’envisager, le pays qui s’engagerait dans cette voie doit s’attendre à être isolé dans un premier temps. Mais Marx avait déjà discuté de la même question. Opposé au "libre échange" certes, mais à condition que le pays qui s’en protège soit lui-même protégé des méfaits du capital. Or, la France a ses propres "multinationales" qui, à l’abri de ces mesures, s’en donneraient à cœur joie, et d’une manière rien moins que "solidaire". Comme souvent l’argument de Marx ne se met pas si aisément de côté. L’option du programme est que grâce à l’État remis sur des rails démocratiques et doté d’une nouvelle puissance, on pourrait tenir en laisse "notre propre capitalisme". Option qui a été démentie tant de fois à travers l’Histoire ! Au point que pas une seule fois elle ne s’est révélée effective. De plus, l’ambition sociale du document se heurterait inévitablement à des forces réactionnaires considérables, on en est tous d’accord. Impossible d’y résister sans une mobilisation d’en bas d’une ampleur équivalente. Comment même l’imaginer si celles et ceux "d’en bas" sont bridé-e-s dans une éventuelle prise de contrôle de l’économie dans sa totalité ? On peut certes considérer que l’anticapitalisme, le socialisme et l’autogestion sont hors d’atteinte compte tenu des rapports de force. Mais ce ne sont pas des coquetteries théoriques : ces options découlent de la logique même des processus envisagés. La référence, aux mouvements sociaux, au respect de leur autonomie et de leur dynamique propre est une grande absente du texte plus généralement. Et, j’y reviens. C’est une révolution sociale qui, à juste titre, est envisagée par AC. Mais comme pour toute révolution, s’arrêter en cours de route, c’est mourir.

L’impérialisme français oublié

Les questions internationales ont provoqué pas mal de polémiques au sein de la gauche radicale. Il a été rappelé ci-dessus combien l’accusation infamante de "souverainisme" (comprendre commun avec le FN) sur la question européenne ne tenait pas la route concernant AC. Mais il reste trois autres questions, au moins, qu’il faut aborder : celle des réfugiés, celle de la Syrie, et celle de la place de la France elle-même.

« Lutter contre les causes des migrations » titre en premier AC là où, c’est vrai, on attendrait plutôt d’abord un signal amical donné aux femmes et aux hommes déjà poussés hors de chez eux. Élu dans une Mairie des quartiers nord de Marseille dirigée par le FN, je sais que c’est à ça qu’on juge : oui ou non on accepte des réfugiés dans nos quartiers ? Après, mais après seulement, vient le traitement "de fond". Cette question de priorité est loin d’être négligeable. Cela étant dit, pas de faux procès. AC avance tout de même l’essentiel de ce qu’il y a dire, si l’on met de côté la question de principe de la liberté de circulation et d’installation (AC ne se prononce pas sur la question). Non seulement donc quant à la question posée (les causes des migrations), mais sur le traitement immédiat de celles-ci. Sur le plan structurel d’abord, « sortir de l’impasse de Schengen et de Frontex ; renforcer les moyens civils de sauvetage en mer Méditerranée pour éviter les milliers de noyés… Refuser l’accord "Visa+adhésion contre migrants" avec la Turquie ».

Sur « le devoir d’humanité » ensuite.

- Assumer notre devoir d’humanité envers les réfugiés arrivant en Europe

- Respecter la dignité humaine des migrants, leur droit fondamental à une vie de

famille et accompagner les mineurs isolés

- En finir avec le placement en centre de rétention d’enfants…

- Construire des camps d’accueil aux normes internationales sur le modèle de celui de Grande-Synthe…

- Réaffirmer et faire vivre le droit d'asile sur le territoire de la République, accueillir

les réfugiés qui en relèvent grâce à une administration adaptée à cette mission.

 

« Construire la paix en Syrie ». Qui peut être contre ? AC demande, à juste titre qu’on en finisse avec nos alliances scandaleuses avec les pétro-monarchies ultra réactionnaires. Comme avec notre acceptation hypocrite de la dictature de Erdogan. Le soutien aux Kurdes est évoqué à plusieurs reprises, même si on aurait pu attendre une demande de levée de la mise du PKK sur la liste des organisations "terroristes". AC exige encore une coalition anti Daech sous l’égide de l’ONU. Plus enfin la tenue « d’élections libres ». Mais le nom même de Assad est soigneusement évité. Comme s’il n’y avait pas eu de soulèvement démocratique en Syrie, à l’instar de la Tunisie. Comme si ce n’était pas la réaction meurtrière du dictateur qui avait précipité un processus de soulèvement démocratique dans un conflit armé. Si bien qu’on ne sait pas si, aux yeux de AC, le processus de paix comprend ou pas le maintien du dictateur. Une omission rien moins que révélatrice, et une divergence pour le coup indéniable.

La France est-elle impérialiste ? Pour AC, à l’évidence non, sauf quand elle est à la remorque des USA. On se trompe du tout au tout quand on reproche un tropisme pro russe dans AC. Il n’y en a pas la moindre trace. Sauf que, comme le tout est ramené à "l’ennemi principal" états-unien, les autres questions en sont automatiquement relativisées. Certes, il faut sortir de l’OTAN, comme le demande très justement le texte. Qui réclame aussi qu’on en finisse avec la Françafrique. On peut aussi comprendre l’exigence de « Réaffirmer que l’ONU est le seul organe légitime pour la sécurité collective aux yeux de la France ». Mais sans réforme de l’ONU ? Avec ce droit exorbitant donné aux membres permanents du Conseil de Sécurité au détriment de l’Assemblée générale ? Très justement aussi AC propose d’ « Engager la formation d’une nouvelle alliance altermondialiste », dont les données sont détaillées de manière très intéressante. Mais ceci devrait passer par le renforcement militaire de la France ? AC demande en effet : « adopter une nouvelle loi de programmation militaire ayant pour objectif la restauration pleine et entière de l’indépendance militaire » ; ce qui, à qui sait lire, signifie qu’on n’exclut certainement pas une augmentation du budget militaire du pays ! Et le renforcement de sa force de frappe nucléaire (sortir du nucléaire devrait pourtant concerner sa partie militaire n’est-ce pas ?). Pour se protéger de qui exactement ? Ou plus certainement pour protéger "l’influence française" ? Mais on a besoin de l’armée pour ça ? Si c’est le cas, c’est qu’il y a un problème non ?

Jaurès défend que « L’armée ainsi constituée a pour objet exclusif de protéger contre toute agression l’indépendance et le sol du pays ». Rosa Luxembourg a là-dessus un point de vue très critique sur le concept même. « Qu’est-ce en fait qu’une guerre défensive ?… Qu’étaient les guerres napoléoniennes ?… du point de vue de la France elles étaient des guerres défensives, car elles étaient nécessaires pour défendre l’œuvre de la grande Révolution... ». Un vieux débat que cette question de la politique militaire…

Une bonne base, des débats à poursuivre

Les débats entamés ici ne doivent pas tromper. AC fournit une bonne base pour l’affirmation d’une perspective de rupture avec les politiques passées des gouvernements successifs. De rupture plus généralement avec le néo-libéralisme autoritaire et guerrier. Certaines questions difficiles et de la plus haute importance comme la question européenne y sont à mes yeux très correctement abordées. Et de toutes manières, trouver un texte qui satisfasse en tout point toutes les fractions de la gauche radicale n’est pas chose aisée. Raison de plus de poursuivre le débat sur ce qui mérite de l’être, sans polémique inutile, pour gagner l’unité la plus large.

Samy Johsua, le 11 novembre 2016. Publié sur le site de Cerises.

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