Capitalexit ou catastrophe

 

 

9782843032936 475x500 1Face à la double catastrophe anthropologique et écologique le père Lucien philosophe spécialiste de Marx et le fils Jean historien expliquent que la sortie du capitalisme est une question de survie.

"Ce qui manque ... c'est la hardiesse de voir et de dire qu'à un capitalisme entré en folie sénile, il urge de passer la camisole sinon c'en est fait d'une planète habitable et d'une humanité civilisée"

Pour eux, la prématurité historique du communisme au 20e siècle, la "révolution malgré tout" (dans des pays peu développés : Russie, Chine, Cuba...) s'est payée de 2 errements catastrophiques : le programmatisme et le verticalisme qui n'ont pas permis la mise en place du communisme.

Pour éviter ces errements historiques, le plein et libre développement de tous les individus est nécessaire. Il est rendu possible par le niveau de développement technologique qui réduit la durée du temps de travail social pour répondre aux besoins et l'élévation générale des savoirs et des compétences.

Les partis traditionnels qui veulent prendre le pouvoir pour changer les choses par le haut ne répon-dent pas à cette exigence. P 88 "la sortie du capitalisme par les urnes est une vue vraiment débile"

Les partis qui se réclament d'une alternative progressiste ont perdu leur caractère révolutionnaire.

"Révolution et réforme sont des contraires irréconciliables. Le révolutionnaire veut sortir du capitalisme, le réformiste a admis d'y rester" Ils passent en revue les organisations alternatives: le PS de Hollande qui a pratiqué une "collaboration de classes" éhontée, le mouvement de Hamon avec le "revenu universel" financé par des impôts ne permet pas le capitalexit, le PCF malgré un recul constant ne remet pas en cause son orientation et n'a pas de visée communiste (un point positif le projet de sécurité général emploi-formation), la FI, malgré la dynamique générée par le score de JLMélenchon aux présidentielles, ne met pas l'entreprise et la lutte de classes au coeur d'un projet qui reste socialiste (point positif: création d'un pôle bancaire public) , inverse les priorités: changer les institutions d'abord et garde un fonctionnement adapté aux institutions de la Ve République.

Pour sortir du capitalisme, ils proposent:

  • changer le rapport de forces par des campagnes de désintoxication et des objectifs atteignables: le livre est parsemé de formules "Mêlons nous de nos affaires!" Le capital, c'est, en entier du travail non payé " "le retour sur investissement, c'est du salaire volé!""Economie de marché, c'est la forme juridique pour dire capitalisme". "Le capitalisme subordonne la valeur d'usage à la valeur d'échange". Compétitivité signifie des taux de profits élevés...

  • s'appuyer sur les "présents futurs" que d'autres (Zarka, Friot, Sagot-Duvauroux...) appellent le "déjà là" le potentiel très prometteur d'appropriation démocratique : un Français sur 2 participe sous une forme ou sous une autre de la vie associative. La sécurité sociale- le statut de fonctionnaire...

  • organiser des campagnes pour des réformes révolutionnaires , émancipatrices qui enlève au capitalisme son pouvoir de nuisance et l'affaiblit.

    * 1- mettre fin au règne absolu de l'actionnariat capitaliste : la question clé étant qui a le pouvoir de décider en dernier ressort du quoi et de comment pour toute la vie économico-sociale, pouvoir qui s'exerce de la gestion du lieu de travail jusqu'à la haute stratégie des affaires. Il s'agit de faire de la prise de décision économique un réel droit commun de tous ceux qui ont part d'une façon ou d'une autre à la création et à l'usage collectif des richesses sociales... en instaurant un droit de codécider en tout pour les salariés créateurs des biens et acteurs des services et aussi dans une mesure à préciser pour les pouvoirs publics, les collectivités locales, les consommateurs

    * 2- démarchandiser la force de travail par le système général dit de sécurité emploi-formation soutenu par la CGT et le PCF complété par la salarisation de tous les jeunes à la fin de la scolarité obligatoire ou par un salaire à vie revendiqué par Bernard Friot. La valeur sociale de la force de travail doit cesser de devoir en passer par sa vente comme une chose sur un marché pour obtenir sa reconnaissance sous forme de revenu, elle doit être reconnue d'emblée comme qualité inhérente au travail, donnant directement droit à la consommation sociale... en déchosifiant la force de travail, elle désaliène fondalement le travailleur.

    * 3- l'extension des gratuités

    * 4 la création d'un pôle bancaire public

    * 5 maîtrise des médias par le peuple – démocratisation des médias publics

et d'autres....

Les campagnes doivent être menées jusqu'au bout et faire en sorte que les réformes révolutionnaires deviennent une revendication clairement hégémonique et que leur mise en place résulte d'un rapport de forces favorable qui les porte. Elles seront une exigence populaire et les élus seront élus pour les faire voter et les faire appliquer. C'est un moyen pour éviter que soient élus des porteurs de programmes élaborés par les partis et pas soutenus par un mouvement social assez fort car il y aura des résistances. Il s'agit d'inverser les actions: 1) créer un rapport de forces favorable aux réformes 2)oeuvrer pour les victoires électorales.

Les campagnes pourront être menées par des collectifs appropriatifs en réseau, de forte compétence et à structure fondamentale thématique. Dans la stratégie esquissée est primordiale en permanence la bataille pour l'hégémonie

....

Livre stimulant, qui ouvre des perspectives d'actions. Sans doute, il manque des réflexions sur la croissance, le productivisme et d'une façon générale les finalités de la production et l'urgence de penser la sobriété...

 

Danièle Mauduit

Capitalexit ou catastrophe Lucien et Jean Sève Entretiens – La Dispute 2018 192 pages, 15 €

 

 

 

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