La FNSEA, une monoculture intensive dans les JT

georges-s Par Le 17/08/2015 0

Dans Nouvelles Locales

Telerama« Le conflit s’enlise », annonce le titre de Soir 3. « La crise agricole s’enlise », renchérit Le 19.45 de M6. Ils se sont donnés le mot… mais pas seulement. Les deux chaînes ont aussi profité de la journée portes ouvertes à la ferme de Carole Joliff, « éleveuse de porc dans les Côtes d’Armor », qui a reçu (séparément) leurs deux reporters. Etrangement, ni M6 ni France 3 ne précisent que Carole Joliff est aussi présidente de la section porcine de la FDSEA des Côtes d’Armor…

 

L'éleveuse, qui engraisse 4 000 porcs par an, se plaint sur France 3 d’être « prise en otage » . « Par qui ? », demande le reporter. « Par les industriels ». Les télés, elles, se sont laissées prendre en otage par la FNSEA, comme si les apôtres de l’agriculture productiviste étaient les mieux placés pour en dénoncer les méfaits. Mardi dernier, BFMTV diffusait en boucle l’avis éclairé de Xavier Beulin, président de la FNSEA et accessoirement « industriel » en tant que pdg de Sofiprotéol — environ 7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont une partie, via sa filiale Sanders, est réalisée par la vente de 800 000 tonnes d’aliments… aux éleveurs de porcs !

 

 

(Au passage, notez combien la génétique porcine a progressé : nos cochons atteignent maintenant la taille de vaches laitières.)

BFMTV ne le précise pas, et se contente d’enregistrer le laïus du patron du « syndicat majoritaire », lequel peut se résumer ainsi : le sens civique des consommateurs ne fait aucun doute, il suffirait de créer et de généraliser un label « porc français » pour écouler la production des éleveurs nationaux avec l’aide d’« un petit coup de pouce [financier, ndlr] du gouvernement ». Le manque de verve et d’imagination de cette proposition constraste avec l’éloquence habituellement employée pour prôner « la compétitivité de la filière agricole française » — et sur le site de Sanders : « La 2e Révolution Agricole se gagnera par la modernisation des filières animales. »

La filière de la FNSEA, en tout cas, est très compétitive dans les JT, quel que soit le sujet. Mercredi, elle creusait son sillon sur France 2, qui tendait le micro à ses représentants pour un reportage sur la sécheresse et les obstacles à l’irrigation. Une nouvelle fois, le journaliste omettait de préciser l’engagement syndical des agriculteurs rencontrés. Deux d’entre eux affichaient toutefois leurs opinions par le biais de produits dérivés, des T.shirts estampillés « Jeunes Agriculteurs ».

 

 

« Yohann Palisse regarde ses pieds de maïs avec le cœur gros », déplore le reporter dans la première ferme ardéchoise. « Ça fait mal au cœur », confirme l’agriculteur. « Les fortes chaleurs de juillet ont fait griller ses cinq hectares en quelques jours, explique le journaliste. Il a interdiction totale d’irriguer, il se trouve dans une zone de restriction d’eau maximale. » C’est trop injuste.

 

 

« Il y a une dizaine de jours, un gros orage vient remplir la rivière. » J’ignorais qu’il fût possible de « remplir une rivière ». « Une aubaine, pense alors le jeune agriculteur », désireux de « sauver ses cultures ». Interrogeant l’intéressé : « C’est là que vous avez eu un PV ? » « Oui. » « Un PV car il n'avait pas le droit de pomper dans la rivière. Il pourrait recevoir une amende de 1500 euros. » Une amende (au conditionnel) pour avoir voulu « sauver ses cultures » ? C’en est trop

Cet acharnement de la méchante Administration mériterait d’être dénoncé par Jean-Pierre Pernaut. Mais il est en vacances. C’est donc France 2 qui se charge de nous apitoyer… sans interroger une seconde la pertinence de cultiver du maïs en Ardèche. Ce serait donner de la confiture à ces cochons de téléspectateurs.

Source : http://television.telerama.fr/television/la-fnsea-une-monoculture-intensive-dans-les-jt,130249.php#xtor=RSS-18

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