La démocratie de la carte bancaire

ensemble22 Par Le 29/12/2022 0

Dans Nouvelles Locales

2 nouveaux fast-food  et un hôtel-restaurant haut de gamme avec vue sur la Baie... pas pour les mêmes!

La démocratie de la carte bancaire

 

Les Briochins ont le choix : Poulet frit avec vue sur le parking à 8 € ou, pour quelques dizaines € en plus un plateau de fruits de mer avec vue sur la baie de Saint Quay à Fréhel.

Deux articles récents du Télégramme signalent l’ouverture future de 3 restaurants dans l’agglomération. Avec Mac Do et KFC, l’agglo élargit sa palette d’offre alimentaire “fast food” à petits prix. La municipalité de Trégueux a accordé le permis de construire!

Avec l’hôtel haut de gamme, ses piscine, spa, jacuzzi, hammam à deux pas de la mer, et son restaurant panoramique pour une clientèle “qui aime bien manger” l’agglo renforce son offre gastronomique. Le vieux manoir du Roselier a été vendu à un entrepreneur par la mairie de Plérin, sans doute un choix lié à la polititique d’attractivité et de développement touristique chère aux élus.

 

Alimentation industrielle pour les uns dans un décor de zone commerciale, alimentation de qualité pour les autres dans un site de rêve avec vue sur la mer. Dans sa conférence gesticulée “de la fourche à la fourchette, non l’inverse!” Mathieu Dalmais relate l’entrevue entre la Confédération paysanne et le ministre de l’Agriculture de François Hollande, Stéphane Le Fol : à leur demande de soutien à l’agriculture bio ils s’entendirent répondre à peu près ceci. Les Français choisissent. S’ils préfèrent la nourriture industrielle, pourquoi voulez-vous que je soutienne l’agriculture biologique? Et lors d’une autre rencontre... On a besoin d’une agriculture industrielle pour nourrir les pauvres. Qu’on se le dise ! La pauvreté existe ; la lutte contre les inégalités n’est pas à l’ordre du jour. Il faut cependant trouver des débouchés pour l’industrie…

 

Rendre les salariés solvables sans verser des salaires trop élévés est un vrai défi pour les patrons. Un défi rentable. Ils s’assurent par là, d’une double source de revenus : celle prélevée sur le travail, la plus-value et celle prélevée sur des débouchés assurés. Aux retours sur investissement s’ajoute une terrible emprise sur les mentalités : l’offre leur permet de dicter la demande, les modes de vie... et de provoquer l’engrenage de l’endettement. Aujourd’hui la revendication qui triomphe est “pouvoir d’achat” plutôt que “pouvoir de vivre”.

Depuis les années 60, les zones commerciales répondent à cette volonté de permettre aux couches populaires d’acheter sans augmenter leurs salaires. L’argument de vente n°1 est les petits prix. Des prix écrasés, ce sont des producteurs locaux évincés, des salaires réduits, une logistique destructrice de SAU et d’espaces naturels, des trajets polluants allongés, le vivant méprisé, l’homme réduit à être consommateur. Loin des réalités sociales et écologiques de la production.

Parallèlement a été mise en place la modernisation de l’agriculture avec des visées convergentes. Nourrir la population à pas cher, avec le moins de paysans possible : l’industrie a alors besoin de travailleurs et de débouchés. L’alimentation est devenue une variable d’ajustement. L’agriculture récupère aujourd’hui 6 centimes sur une dépense alimentaire d’un euro. Elle sert de débouché aux fabricants de matériel, aux semenciers, aux industries chimiques et de minerai aux industries agro-alimentaires.

 

Mais, l’urgence écologique est devenue vitale et ça se sait. Il faudrait en tenir compte !

L’agriculture industrielle pollue, détruit les agro-écosystèmes et ne peut produire sans recours aux engrais de synthèse et aux pesticides… C’est elle qui reçoit le plus de subventions et prospère.

L’alimentation industrielle est pathogène : trop grasse, trop sucrée, trop salée, trop transformée contenant des pesticides, des additifs, des colorants, des antibiotiques… entraînant obésité, diabète, cancers, maladies dégénératives… Mais, c’est la moins chère pour le porte-monnaie.

Les élus qui soutiennent les projets Mac Do, KFC et le restaurant gastronomique, valident, sans doute à leur corps défendant, la dualité alimentaire et agricole si toxique.

L’alimentation de qualité et durable doit être accessible à tout le monde. Tout le monde “aime bien manger.”

source 2 articles du Télégramme et conférence gesticulée de Mathieu Dalmais. De la fourche à la fourchette, non l’inverse!

Danièle Mauduit, 29/12/2022

 

Saint-Brieuc alimentation

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