La covid a pointé les dangers d'établissements scolaires, de classes surchargés. A Saint Brieuc au Collège de Vinci prévu pour 600 élèves, le seuil est dépassé de plusieurs dizaines d'élèves. En temps hors covid, passer tous les demi pensionnaires au self relève déjà du parcours du combattant. En raison du covid aujourd'hui dans les lycées publics on alterne les cours en présentiel et ceux en téléenseignement.
Si c'est tout bon pour les producteurs et marchands d'électronique, le coût humain, sanitaire et d'apprentissage d'enfants condamnés à rester des heures devant les écrans n'a pas été évalué.
Dans le même temps , des millions, voire des milliards sont distribués pour soutenir des secteurs qui participent au réchauffement climatique : auto, aéronautique, agroindustrie...
Dans le département, le nombre d’élèves doit augmenter l’an prochain, selon les prévisions de la direction académique : 261 élèves supplémentaires en lycée, 78 en lycée professionnel et dix en collège.
Toute personne sensée attend que le nombre d'enseignants augmente et même un peu plus que selon les normes d'encadrement en vigueur pour réduire l'entassement!
Que nenni! Dans le projet présenté par la direction académique aux représentants du personnel, 46 fermetures de postes sont envisagées, pour 25 ouvertures.
Dans ce genre de situation , ce sont les plus démunis qui paient le prix fort!
Ces mesures s'inscrivent dans les choix de limiter les dépenses d'éducation et en particulier des couches populaires: les filières longues et élitistes reçoivent environ 4 fois plus d'argent public que les filières courtes : un jeune qui quitte l'école à 16 ans aura reçu environ 60 000€ pour sa scolarité, celui qui part vers 25 ans environ 250 000€, voire plus!
"Si au cours du XXe siècle , les dépenses publiques d'éducation ont progressé, passant de 1-2% du revenu national en 1870-1910 à 5-6% en 1980-90, … l'investissement éducatif a stagné entre 1990 et 2015 aux environs de 5,5%-6% du revenu national."*
A se demander si ces suppressions de postes n'entrent pas dans cette préférence de ceux qui nous gouvernent pour une société inégalitaire où les premiers de cordée ont droit à tous les privilèges et les premiers de corvée à tous les sacrifices.
Danièle Mauduit
* Thomas Picketty capital et idéologie p 631