Il faut dire que les sondages prédisent invariablement la victoire de la formation de gauche en cas d’élections législatives anticipées. Le 29novembre dernier, un sondage de l’institut Palmos pour le site d’information TVXS plaçait Syriza en tête, avec 34,5 % des intentions de vote, loin devant la Nouvelle Démocratie du premier ministre Antonis Samaras ( 23%). Viennent ensuite, à égalité, les populistes de To Potami et les néonazis d’Aube dorée (8%). Les sociaux-démocrates du Pasok, eux, paient très cher leur pacte austéritaire avec la droite et confirment leur effondrement (5%). Quant aux communistes du KKE, ils préservent leur place dans le paysage politique, même si leur potentiel électoral s’érode, avec 6,5% des intentions de vote.
Nouvelle vague
de mobilisations sociales
Ni le discours d’Antonis Samaras sur un «retour à la normale» ni ses promesses de sortir bientôt de la tutelle de la troïka (FMI, Banque centrale européenne et Commission de Bruxelles) ne semblent en mesure d’endiguer l’irrésistible ascension de Syriza. Le premier ministre grec, à la tête d’une majorité fragile et chancelante, fait au contraire face à une nouvelle vague de mobilisations sociales contestant les attaques contre les retraites, les licenciements dans la fonction publique et le durcissement des politiques de compression des salaires, déjà insupportables. Le 27novembre dernier, l’appel à la grève générale lancé par les syndicats des secteurs public et privé était massivement suivi. Auparavant, le 17novembre, plus de 40 000manifestants avaient pris part à la marche commémorant le soulèvement étudiant réprimé dans le sang, en 1973, par la dictature des colonels.
Alors que le gouvernement peine à négocier avec ses créanciers la sortie anticipée du système de surveillance de ses politiques par la troïka, la perspective d’un scrutin législatif anticipé se précise. C’est l’élection par les députés, début 2015, du président grec, qui pourrait faire tomber la coalition au pouvoir. Celle-ci ne dispose en effet que de 155 voix sur 300, une marge insuffisante pour rassembler les 180 voix indispensables à l’élection du chef de l’État. Dimanche dernier, dans le journal Ethnos, le premier ministre grec en était réduit à promettre la conclusion imminente d’un accord avec les créanciers de la Grèce et à implorer Syriza de ne pas faire entrave à cette élection. «Ils ne doivent pas acculer le pays à des élections anticipées du fait du scrutin présidentiel, car cela engendrera de l’instabilité alors même que nous sommes près de sortir de la crise. (…) S’ils veulent que nous nous coordonnions et que nous voyions comment élire ensemble un président, une coordination nationale est envisageable», écrit Antonis Samaras. Offre écartée par l’opposition de gauche, qui voit dans la tenue d’élections anticipées la seule voie pour sortir du désastre économique et social créé par cinq années d’austérité et de perte de souveraineté. Syriza a déjà publié une loi de finances alternative pour mettre fin au hold-up fiscal contre les classes populaires et répondre en urgence à la crise humanitaire qui frappe le pays. «Ce programme, destiné à panser nos plaies et à relancer l’économie, sera mis en œuvre quelle que soit l’issue des négociations qui, nous le savons, ne seront pas faciles», prévient Alexis Tsipras.
Au-delà des frontières de la Grèce, le dirigeantde Syriza en appelle à la résistance de l’Europe du Sud autour de «larges alliances» pour changer le cap des politiques économiques au sein de l’Union européenne. «Depuis la périphérie de l’Europe peut commencer le renversement de l’hégémonie néolibérale en Europe», affirmait-il, le 17novembre dernier, à Florence, lors d’un séminaire du réseau Transform ! L’arrivée de Syriza au pouvoir en Grèce aurait à coup sûr la portée d’un séisme politique sur le continent.
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