L’Europe tu l’aimes ou… tu l’aimes

En Irlande, Ryanair et Intel ont respectivement investi 500 00 et 200 000 euros pour convertir les « nonistes » au traité de Lisbonne.

A une semaine du second référendum pour la ratification du traité de Lisbonne, qui aura lieu le 2 octobre, les Irlandais sont plus que jamais divisés. Malgré un premier vote négatif à 53%, en juin 2008, le gouvernement se montre optimiste et a promis cette fois un « oui » retentissent.

Il faut dire que les entreprises ne lui ménage pas leur soutien, avec en première ligne la compagnie aérienne irlandaise Ryanair qui a carrément dédié un avion à la cause. Orné du slogan « Vote yes To europe », l’aéronef propagandiste est accompagné d’une campagne de promotion sur les vols « pour montrer le rôle bénéfique de Bruxelles sur la baisse des tarifs aériens. ». En rime Ryanair a investi 500 000 euros dans une campagne de publicité pro-oui diffusée dans la presse et sur internet. Un engagement de Michael O’Leary, le patron de la compagnie, justifie en expliquant que sans l’Union Européenne « l’économie Irlandaise serait aux mains d politiciens incompétents et de syndicats cupides qui ont détruits la compétitivité de l’Irlande »

De son coté le géant informatique Intel s’est joint au mouvement en créant une page Internet pour expliquer son soutien au traité… et en signant un gros chèque de 200 000 euros pour soutenir la campagne. Une coalition de « ouiouistes » rassemblant élites politiques et économiques…soutenues part les médias. Ca ne vous rappelle rien ?

Si vous hésitez, sachez en outre qu’en Irlande tout est fat pour diaboliser le non et ses partisans. Et si en France en brandissant l’épouvantail Le Pen pour effrayer les indécis, l’Irlande a aussi son repoussoir réactionnaire et « noniste » en la personne de Declean Ganley, self made man, milliardaire, chantre du nationalisme irlandais qui défend entre autre l’interdiction de l’avortement. Les autres <partisans du non sont pour la plupart ignorés. En particulier les 135 élus de gauche, parmi lesquels des dissidents du parti Travailliste qui dénoncent les privatisations imposées par Bruxeles et le risque d’une militarisation accrue si l’Irlande ratifiait le traité. Il en es de même pour le collectif féministe Woman Say No to Lisbon, qui clame que le traité défend plus l’intérêt des entreprises que ceux des citoyens. A la trappe également l’association People’ Movement qui soutien avec virulence es services publics. En revanche pour insister sur l’absence de plan B et annoncer des scénarios apocalyptiques en cas de rejet du traité, les médias s’en donnent à cœur joie.

Alors qu’une chose est sure,  aucune clause ne prévoit l’exclusion d’un état membre en cas de non ratification du traité. D’ailleurs si l’Union Européenne avait été conçue sur le modèle « tu l ’aimes ou tu la quittes » on serait probablement encore proche  de l’Union des six…

 

Mélissa Gruenzig

Paru dans Siné Hebdo du 23 septembre

 

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